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IVG dans « Le Monde », d’avortement à liberté fondamentale

Le 13 décembre, le Conseil des ministres doit examiner le projet de loi permettant d’inscrire l’IVG, l’interruption volontaire de grossesse, dans la Constitution. Une première étape nécessaire avant de soumettre le texte au vote du Parlement, d’ici le mois de mars 2024, pour que cette « liberté » devienne « irréversible », selon le Président Emmanuel Macron, le 29 octobre.
Avant de devenir une célèbre loi, l’expression « interruption volontaire de grossesse » apparaît pour la première fois dans un article non-signé publié le 25 février 1956, dans les colonnes du Monde, qui évoque la « campagne » menée par plusieurs journaux français pour une législation permettant le « contrôle des naissances ». Sous la présidence de René Coty, plusieurs députés progressistes veulent abroger les articles de loi punissant ce qui est alors appelé la « propagande anticonceptionnelle ». En conclusion, les élus soulignent : « la diminution des naissances qui pourrait en résulter serait moins importante que les pertes de vies humaines provoquées chaque année par les avortements. »
A l’époque, plutôt que « interruption volontaire de grossesse », les articles du journal utilise généralement le mot « avortement », qui est alors désigné comme un « drame moral et médical » dans le texte du docteur Escoffier-Lambiotte, le 30 décembre 1964, dans les pages Médecine. De la même façon, la couverture du célèbre procès de Bobigny, où une jeune femme est défendue par l’avocate Gisèle Halimi, n’utilise que ce mot. « Il n’est plus possible de laisser la quasi-totalité de la presse répandre la légende que toutes les femmes réclament le droit d’avorter », écrit la professeure de droit pénal Michèle-Laure Rassat dans son « point de vue » proposé par les pages Société.
Le 6 décembre 1973, le projet de loi qui deviendra le célèbre texte de la loi Veil est évoqué pour la première fois dans Le Monde par le journaliste Thomas Ferenczi, alors que la commission des affaires culturelles, sociales et familiales s’oppose à un changement législatif. Le député de la Vienne de l’époque, le médecin Claude Peyret, utilise alors l’acronyme « I.V.G.  » pour désigner l’interruption volontaire de grossesse, en opposition à « I.T.G » (pour l’interruption thérapeutique de grossesse). Changement de ton du Monde quand Raymond Barillon raconte le vote de la loi Veil, à 284 voix contre 189, le 30 novembre 1974, grâce à la mobilisation de la gauche : le journaliste salue la « volonté obstinée » et « l’ardeur convaincante » de la ministre Simone Veil.
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